Ce qu’il faut retenir de cette étude d’Eyeo sur les adblockers en France
Non, la bataille contre les adblockers n’est pas perdue ! Les utilisateurs ont conscience de l’importance de la publicité pour l’écosystème et sont prêts à traiter les acteurs vertueux différemment.
On dit souvent que c’est lorsque leur courbe d’adoption s’inversera, que le marché de la publicité gagnera le bras de fer qui l’oppose, depuis quelques années déjà, avec les adblockers. Si ce taux d’utilisation s’est stabilisé, autour des 20% en France, on en est encore loin. Forcément problématique pour les éditeurs, qui ne peuvent monétiser tout un pan de leur audience, et les marques, qui ne peuvent le toucher. Faute de pouvoir y trouver, pour l’instant, un quelconque remède, l’industrie se concentre donc sur la détection des symptômes. Elle peut compter, dans cette perspective, sur le soutien d’un allié inattendu : l’Allemand Eyeo. Cette société, qui chapeaute le développement d’Ablock Plus, l’un des adblockeurs les plus populaires au monde, vient de publier une étude, réalisée en partenariat avec l’institut YouGov, pour essayer de comprendre les motivations de ses utilisateurs.
Au menu, une étude pas si inintéressante que ça, une fois passé les quelques poncifs type “71% des Français pensent que l’utilisation d’un adblocker est justifiée, principalement pour bloquer le trop-plein de publicités et se protéger de toute intrusion dans la vie privée”. La statistique qui a attiré notre attention chez Adloop, c’est plutôt celle-ci : 61% des sondés seraient prêts à désactiver complètement leur adblocker sur les sites capables de proposer un faible nombre de publicités. Une bonne nouvelle pour les sites les plus vertueux. Les autres n’auront pas intérêt à vouloir passer en force. Seuls 43% des utilisateurs d’adblocker acceptent de le désactiver pour accéder aux contenus d’un site qui les y contraint. Le rejet est encore plus marqué lorsque cela se fait dans leur dos. 85% des utilisateurs de logiciels de blocage des publicités indiquent qu’ils n’apprécieraient pas qu’un site désactive leur adblocker à leur insu. 61% se disent même prêts à ne plus visiter les sites qui ont recours à cette pratique. Radical.
A noter qu’ils sont plus d’un internaute sur deux à annoncer préférer filtrer les publicités qu’ils rencontrent en ligne, au lieu de les bloquer totalement. Le problème étant qu’ils sont à peine 40% à savoir que certains logiciels proposent des fonctionnalités de filtrage publicitaire. Un problème d’évangélisation ? On peut en tout cas supposer que les internautes ne sont pas entièrement réfractaires à la publicité, voire qu’ils ont conscience du rôle qu’elle joue dans le financement des sites qui proposent leurs contenus gratuitement. Une autre bonne nouvelle pour les éditeurs et les annonceurs respectueux de l’expérience utilisateur.
Rappelons, une fois encore, la nécessité de toujours maîtriser la pression publicitaire pour éviter de se faire détester d’un utilisateur trop sollicité lors de son surf. Ce n’est pas toujours évident à mettre en œuvre, en omnicanal, mais c’est indispensable. Tout comme le fait de proposer des formats publicitaires non intrusifs. L’IAB a fait le ménage depuis son mea culpa d’il y a quatre ans et ce désormais célèbre “We messed up“. Aux acheteurs de prendre le pli, en oubliant les formats type interstitiels, expand et auto-play, et les sites non vertueux. Un moyen de faire mentir les 48% des utilisateurs français de 18-24 ans qui pensent que les formats publicitaires invasifs continueront d’exister dans 10 ans et que les adblockers resteront toujours d’actualité.